Outils manuels et machines se côtoient
dans un souci d’équilibre entre épanouissement et rentabilité
Charpente à la main
Charpenter à la main, c’est le pied !
Pour délimiter le champ de la charpente à la main, nous exclurons toutes les pratiques utilisant les énergies carbonées et l’électricité de toute origine.
Seuls seront considérés les procédés mettant en œuvre l’énergie humaine et animale (la traction animale en particulier). Cela passe par l’abattage, éventuellement le transport, l’équarrissage, sciage, traçage et taillage, le levage, la réparation et l’adaptation à de nouveaux usages, et bien sûr la déconstruction et recyclage le moment venu. Cela concerne également les activités annexes, comme la fabrication et entretien d’outillage, haches, doloires, scie, etc…
Pourquoi charpenter à la main?
Alors qu’il existe tant de merveilleuses machines et outils modernes pour soulager notre peine…
Quel paradoxe , quel anachronisme dans notre univers envahi par la high-tech, où tout geste manuel ayant ne serait-ce qu’un lointain air de tradition est vite assimilé à du folklore ou du sentimentalisme passéiste.
Pourtant lorsque j’échange avec les membres de ma tribu, ma deuxième famille, celle des travailleurs à la main, charpentiers, menuisiers, forgerons, et tant d’autres métiers qui retrouvent un nouveau souffle aujourd’hui, la plupart d’entre nous affichent une posture résolument tournée vers l’avenir.
Cet avenir, si nous le construisons, nous ne savons pas encore à quoi il ressemblera, mais on sait assurément ce dont on ne veut plus, nous avons aujourd’hui suffisamment de recul pour tirer les leçons d’un mode de vie qui ne peut plus cacher ses faiblesses, qui ne peut plus berner personne et qui vacille de toutes parts face à ses échecs.
Nous ne voulons plus être des numéros dans un tableau, nous ne voulons plus être les acteurs de la destruction du vivant, nous ne voulons plus être dépendants d’outils ou de technologies qui nous échappent, nous ne voulons plus être sectorisés, compartimentés et privés de notre vision globale.
La formidable intelligence d’homo sapiens est aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous cadenassée, muselée, amputée de ses principaux atouts : l’imagination, l’intuition, la communication, la capacité d’adaptation.
Des pratiques et savoirs élaborés au fil des siècles
La science et la technologie s’ils nous ont incontestablement fait progresser d’une manière extraordinairement rapide depuis la révolution industrielle ont aussi amené leur lot de dommages collatéraux.
Des pratiques et savoirs élaborés au fil des siècles voir des millénaires se sont trouvés balayés, parfois en moins d’une génération, parce que jugés obsolètes et ne présentant plus aucun intérêt.
Transmission culturelle
Cela se traduit par une rupture brutale de la transmission culturelle, qui jadis permettait la lente mais sûre accumulation des savoirs. Nous avons abandonné des pans entiers de notre culture au profit d’autres, semblant ponctuellement plus intéressants.
Mais cela s’est fait sans compter sur la très lente sélection qui s’opère depuis la nuit des temps. Les évolutions les plus rapides étant normalement les moins résilientes.
Les arbres, exemples parfaits de longévité et d’adaptabilité en sont la preuve.
Nous avons voulu brûler les étapes de l’évolution et commençons à en percevoir les effets désastreux sur notre environnement et l’avenir de notre espèce.
Rapport au temps et goût de l’effort
Aujourd’hui des milliers d’hommes et de femmes dans le monde questionnent le rapport au temps, le goût de l’effort, le retour à la créativité, l’émerveillement devant des choses simples, et tous ces ingrédients qui participent à la recette du bonheur à portée de main.
Dans la charpente comme ailleurs, des hommes et femmes ont suivis cette intuition, se réapproprier leurs outils, leurs matériaux, leurs propres savoirs issus de leurs expérimentations, et trouver une place digne dans l’écosystème dont nous dépendons.
Embrasser cette démarche, c’est goûter le plaisir de se sentir pleinement libre, c’est découvrir les facultés incroyables de notre corps, cette intelligence gestuelle si difficile à expliquer, c’est exploiter pleinement les capacités de notre corps et de notre esprit.
C’est peut-être réaliser qu’il n’y a pas plus performant et abouti que le vivant, pour peu qu’on prenne la peine de s’y intéresser.
Le bois
Dans cette approche, le charpentier à la main s’attache à connaitre les bois qu’il travaille, pour les utiliser au mieux, tout en préservant cette précieuse matière que lui offrent les arbres. Il s’attache également à mettre en œuvre des procédés efficaces et peu coûteux en énergie pour garantir la pérennité de son environnement.
Concrètement , il n’y a pas besoin d’une abatteuse de 20 tonnes bourrée d’électronique pour abattre un arbre qui sera envoyé à l’autre bout du pays ou de la planète se faire réduire en lamelles de bois qui seront agglomérées avec une merveilleuse colle aussi complexe que toxique pour finalement obtenir un déchet non recyclable en forme de poutre, qui reviendra éventuellement au point de départ de l’arbre après avoir transité par 3 négociants parasitant tout ce beau procédé. Elle pourra ensuite relarguer ses composés organiques volatiles dans votre salon en attendant de finir un jour dans un incinérateur, sorte d’usine à gaz toxique qui tentera d’en capter le maximum de sa toxicité pour limiter l’impact sur l’environnement… et oui parce que le bois c’est écologique madame monsieur…
Ecologie et respect
Du coup fouiller les pratiques pré-industrielles du bois permet de trouver quelques pistes intéressantes pour mettre en œuvre des procédés économes et respectueux, tel que prélever un arbre en forêt, le transformer sur place, et le mettre en œuvre directement, sans transport, sans colle, sans étuvage, sans dépollution coûteuse en fin de vie.
Aujourd’hui les charpentiers et charpentières à la main explorent les champs des possibles pour inventer la charpente post-industrielle, la SLOW charpente, éthique, autonome, durable, résiliente.
Peut-être une charpente permaculturelle en somme…
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